Usages préhistoriques de l'ocre
L'ocre est une matière minérale naturelle et colorante. Il s'agit de l'une des premières matière qui a été utilisé pour intégrer de la couleur dans l'art. Depuis la découverte des grottes de Lascaux dans le Périgord en France, l'art pariétal préhistorique est un type d'art reconnu.
Art rupestre
Au Québec, les peintures rupestres, telles qu'on les désigne, sont plus rares, mais non absentes. Celle connue qui se trouve la plus près de nous est située au lac Wapizagongue, au Parc de la Mauricie. Elle n'est pas datée.
L'ocre, parfois brune ou jaunâtre à l'état naturelle, était chauffée pour lui donnée une teinte plus éclatante, puis broyée à l'aide d'une meule et d'un pilon de pierre.
Ensuite, la poudre était mélangée avec une colle de poisson et/ou une graisse d'ours. La mixture était ensuite appliquée sur les parois avec le doigt pour créer des pictogrammes et symboles.
Selon Serge Lemaître, il y a quatre raisons qui peuvent expliquer la présence de peintures rupestres:
* D'abord, il y a l'augmentation de la sacralité du site.
* Ensuite, l'offrande après avoir reconnu la présence d'un manitou dans le rocher.
* Aussi, il y a le mode de communication avec les esprits : l'acte de peindre sur le rocher sacré permettrait une sorte de communion entre l'Esprit et le chaman.
* Et enfin, une autre motivation était d'odre communicative avec les autres voyageurs afin d'indiquer la présence d'un danger ou le chemin à suivre.
Peintures corporelles
Non seulement l'ocre rouge était utilisée pour des maquillages lors de cérémonies ou encore la guerre et la chasse, mais encore l'été les parties de peaux non couvertes par un vêtement étaient enduites d'hématite et de colle de poisson (ichtyocolle). Cet enduit devenait un bouclier efficace contre les armadas de moustiques! C'est d'ailleurs de là que proviendrait le terme de "Peau rouge" pour désigner les Amérindiens dans les siècles passés. D'autres couleurs étaient également utilisées telles que le noir (charbon de bois et maganèse) et le bleu. Les Algonquiens par exemple, pouvait couvrir une partie de leur visage de rouge et l'autre de noir, ou encore ne faire que des traits ou des points alignés horizontaux ou verticaux.
Objets quotidiens
Que ce soit les vêtements, l'habitation, le canot, le filet de pêche ou divers contenants comme un carquois ou un panier, l'ocre rouge pouvait être utilisé de diverses manières et pour diverses raisons. Parfois le motif esthétique prônait, mais bien souvent une symbolique se manifestait à travers l'utilisation de l'ocre pour les dessins (formes géométriques ou oeuvres figuratives). Ce pouvait être une manière de s'attirer la chance à la chasse ou encore pour atténuer l'éclat de fibre végétale fraichement coupée d'un filet fraichement conçu.
Rites funéraires
Depuis l'ère Archaïque (7 000 à 3 000 ans avant aujourd'hui), les morts avaient des sépultures complexes à l'intérieur desquelles on déposait des objets utilitaires ou sacrés ainsi que de l'ocre parfois en très grande quantité. Encore aujourd'hui, certains autochtones déposent de l'ocre dans les sépultures d'êtres chers.
Médecine et sorcellerie
L'hématite, ou oxyde de fer, a un caractère sacré chez les peuples autochtones. Il s'agit du sang d'un Castor Géant de la mythologie du peuple Cri ou encore celui du Serpent Cornu pour d'autres groupes Algonquiens. Quoiqu'il en soit, l'ocre, dans la cosmogonie autochtone, est un produit aux propriétés médicales et sacrées puissantes. Le chaman, lors de certains rituels de guérison, dessinait parfois sur de l'écorce avec de l'ocre, ou encore directement sur le patient.
Les informations de cette page "préhistorique" proviennent principalement de deux sources:
- Lemaître, Serge; "Kekeewin ou Kekeenowin. Les peintures rupestres de l'est du Bouclier canadien" pubolié par Recherches amériendienne au Québec. Collection Paléo-Québec no 33, Montréal 2013.
- Laberge, Marc. "Affiquets, matachias et vermillon. Ethnographie illustrée des Algonquiens du nord-est de l'Amérique aux XVIe, XVIIe et XVIIIe sièlce". publié par Recherches amériendiennes au Québec., Montréal 2010
M. Réjean Obomsawin d'Odanak nous a également fourni des informations sur l'utilisation de l'ocre chez les Abénakis.